Qu'est-ce qu'un oblat?
Le mot « oblat » vient du latin oblatus, qui signifie « offert ». Dans la tradition chrétienne, il désigne une personne qui se donne à Dieu en s’attachant à une communauté monastique, non pas par des vœux religieux solennels, mais par une offrande de sa vie selon l’esprit d’une règle. L’oblat est donc, au sens le plus profond, quelqu’un qui se présente comme une offrande, un don librement consenti, pour vivre davantage uni à Dieu à travers la spiritualité d’un monastère.
Historiquement, le terme apparaît très tôt dans la vie bénédictine. Au Moyen Âge, il pouvait désigner des enfants confiés aux moines pour être élevés au monastère, mais aussi des adultes qui se mettaient sous la protection d’une abbaye tout en gardant un statut particulier. Avec le temps, le mot a pris un sens plus spirituel que juridique : il désigne aujourd’hui des hommes et des femmes qui désirent vivre selon la Règle de saint Benoît tout en restant dans leur état de vie propre.
On distingue habituellement les oblats réguliers et les oblats séculiers. L’oblat régulier est une personne qui vit au sein du monastère, partage la vie de la communauté et suit la Règle de saint Benoît, mais sans prononcer les vœux monastiques qui font d’un religieux un moine à part entière. Il participe à la prière, au travail et à la stabilité du lieu, tout en conservant un statut canonique distinct. L’oblat séculier, quant à lui, vit dans le monde : il a une famille, un métier, des engagements sociaux, mais il choisit de s’unir spirituellement à un monastère précis.
Il s’efforce de vivre l’esprit bénédictin dans son quotidien, en adaptant la Règle à sa condition de laïc. Sa vie devient un prolongement discret de la vie monastique, comme un pont entre le cloître et le monde.
À Solesmes, l’oblature a reçu une impulsion décisive grâce à Dom Prosper Guéranger. En restaurant la vie bénédictine en France au XIXᵉ siècle, il a redonné à l’oblature son sens spirituel profond : celui d’une participation réelle, intérieure, à la vie monastique. Pour lui, l’oblat n’était pas un simple ami du monastère, mais quelqu’un qui partageait véritablement la grâce propre à la famille bénédictine.
Dom Guéranger a structuré l’oblature comme une voie de sanctification accessible aux laïcs, enracinée dans la liturgie, la prière régulière, l’amour de l’Église et la fidélité à la tradition. Il a ainsi permis que Solesmes devienne un foyer où des hommes et des femmes, sans quitter leur vie ordinaire, puissent vivre de l’esprit de saint Benoît et participer à la mission de paix, de stabilité et de prière qui caractérise l’ordre bénédictin.